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| Audry Hantson

BD « La Belgica – Le chant de la sirène », une introduction à la grande aventure belge.

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C’est l’expérience qui fait de toi celui que tu veux être…

De Toni Bruno, dans la « Belgica », le chant de la sirène, extrait page 95. Edtions Anspach.
La belgica - BD, informations, cotes

Auteur, dessinateur :
Toni Bruno
Editions : Anpasch
Format : 18 x 25 cm
Nombre de pages : 173 pages
Prix : 22 € chez Tropismes

Tome 1 sur 2.
Traduit de l’italien.

À partir d’une anecdote qu’il exploite, l’auteur nous livre un bel avant-goût de la plus grande et la plus exceptionelle expédition scientifique belge. A ce stade, nous restons toutefois sur notre faim… Pourquoi?

Explications, dans cet article.

Disons-le directement, même si ce livre nous a ravi, son titre laissait présager un récit complet sur la célèbre expédition scientifique belge… mais il n’en est rien dans cet album, tout plus parlerons nous du départ du bateau. Toutefois, nous allons suivre l’aventure palpitante d’un des protagonistes qui a embarqué sur La Belgica, dans des conditions que nous vous laissons découvrir. S’il s’agit du premier tome d’une série, ce premier chapitre débute en fanfare, s’il s’agit d’un album unique, nous resterons, malheureusement, avec un tas de questions sans réponses… après vérification, car rien ne laisse le présager sur la couverture ou dans le livre, il s’agit du tome 1 sur 2. Nous attendons donc le tome 2 pour en savoir plus sur l’expédition en elle-même.

Le dessin

On a adoré. Un dessin fort, aux traits marqués. Du noir et blanc, des aplats, des lavis de gris, issus d’une vielle fiole à encre, comme nous l’explique l’auteur. Une simplification de la ligne avec une préférence pour la rectitude, une franchise dans le geste, un parti pris fort, clairement assumé, et ça on aime, on adore même.

Un petit bémol toutefois, car certains des personnages représentés de manière assez fidèles sont par moments difficilement reconnaissables dans une même scène : port de la moustache et de la barbichette chez plusieurs personnages, favoris similaires… pour des protagonistes différents, apparaissant simultanément… pas facile de s’y retrouver tout de suite. On aurait apprécié plus d’accessoires ou de points d’identification. Le récit reste toutefois parfaitement lisible, il suffit juste de bien rester (bien) attentif.

Des raccourcis osés qui donnent vie au récit.

Un autre élément spécifique à l’album et que l’on ne retrouve pas chez tous les auteurs : La simplification extrême des sauts de lieux, des sauts de temps. Aucune information complémentaire, autre que le dessin ! Et ces ellipses sont nombreuses. C’est donc clairement volontaire. Toni Bruno passe assez fréquemment d’un lieu à l’autre. Il enchaîne une discussion à l’autre, ou il vous plonge dans un flash-back. Vous vivez des moments simultanés à des endroits différents. Vous entrez dans le mental de l’un des personnages. C’est un peu déroutant, mais là aussi tout à fait surmontable. C’est finalement dynamique ! Apparition d’un plaisir supplémentaire : revenir par moments quelques pages en arrière pour bien recadrer chaque scène. Honnêtement cela ne nous a pas dérangé, juste un peu déconcerté les premières fois. Nous avons trouvé que cela apporte une certain richesse, une certain vie au livre.

Planche de dessin de "La Belgica - Le chant de la sirène" de Toni Bruno.
Planche de dessin de « La Belgica – Le chant de la sirène » de Toni Bruno.

Le titre et l’histoire…

Voilà le seul point qui ne nous a pas du tout convaincu, le titre nous laissait espérer un récit palpitant qui aurait pu retracer l’histoire de ce navire de recherche scientifique et comme dit plus haut dans ce tome… c’est pas tout à fait ça. Un pan de notre histoire, pas assez connu en Belgique. Une expédition exceptionnelle pour laquelle tous les éléments d’un bon roman, d’un thriller sur la glace (sans mauvais jeux de mots) sont réunis.

C’est bien le récit de quelques personnes, d’un personnage en particulier, que nous livre Toni Bruno et non pas l’histoire de cette expédition. L’album est intéressant, il nous plonge à la toute fin du XIXe siècle, dans une ville portuaire belge, dans une taverne, chez le poissonnier, sur les docks ou encore chez le glacier (le vendeur de pains de glace de l’époque), des lieux à l’atmosphère sombre et pesante, comme devait l’être la vie de l’époque. C’est très prenant.

La manière d’amener le personnage principal dans la situation complexe qu’il va vivre est très cinématographiquee, c’est sans nul doute ce qui nous a emporté dans le récit. Un élément fort qui vous incite à ne rien lâcher pour connaître la fin.

Au-delà de l’album… la documentation…

Autre point que nous avons adoré à 200% : la documentation. Depuis les pages de garde jusqu’à un petit dossier en fin d’album, ce point est extrêmement intéressant. On y apprend par petites touches quelques éléments qui nous rappellent que l’album porte le nom de Belgica. On y parle un peu plus d’Adrien de Gerlache, l’homme qui est à la tête de cette expédition, mais également de Cook et de Solvay. C’est aussi dans ces quelques pages que l’auteur se confie : il a pris une certaine liberté d’interprétation et une sacré dose d’invention… car à vrai dire son album n’est pas une histoire vraie mais un roman… Tout part d’une anecdote qu’il a pu retrouver dans plusieurs documents d’origine. Anecdote non détaillée, non étayée… et nous n’avons rien contre, car cela est clairement signalé comme le fait Toni Bruno en fin d’album.

Se faire une idée plus complète sur l’aventure scientifique de la Belgica.

Si ce récit vous tente, celui d’une grande aventure scientifique, avant l’ère technologique, ce livre doit être complété par d’autres documents. Avant tout achat, gardez à l’esprit que cette B.D. ne raconte qu’en filigrane, en pointillé et surtout juste le début de l’aventure de la Belgica. Le tout très romancé. Pour vous faire une idée plus exacte de cette expédition, nous vous renvoyons vers le podcast de la RTBF, de l’émission un jour dans l’histoire, Adrien de Gerlache, en deux volets.

En définitive…

Un livre à regarder et à lire ! Tout ce que nous avons écrit, n’enlève rien au passionnant récit que cet album est. Un livre débordant d’ambiances intéressantes, de rebondissements relationnels et un voyage palpitant… tout en restant conscient qu’une bonne partie est inventée et qu’il ne s’agit pas du récit de l’exploit belge, du moins dans ce premier tome.

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