“Une pièce de théâtre, c’est quelqu’un. C’est une voix qui nous parle, un esprit qui éclaire, mais c’est surtout une conscience qui avertit… »
Victor Hugo
Jérôme Hauptmann répond à nos deux questions. Il nous parle de notre société au travers de son jeu d’acteur et au travers de l’écriture de sa première pièce ainsi que de la deuxième qu’il finalise (promis on le reverra à cette occasion, dans quelques semaines… mais il ne peut en dire plus pour le moment).
Un comédien, auteur de pièces de théâtre engagé.
Il nous explique dans cette interview son parcours atypique pour devenir comédien, acteur, après être passé par l’école SOLVAY à Bruxelles.
Après quelques années dans le monde de la finance, Jérôme se tourne vers la comédie, le stand-up et devient acteur, comédien.
Mariés sur le tarmac, une première pièce et déjà un carton !
Suite à ce changement de cap (que l’on comprendra finalement logique dans son discours engagé), Jérôme est passé à l’écriture de sa première pièce « Mariés sur le tarmac », celle-ci dresse un portrait réaliste et humoristique de notre société de consommation. Il nous parle de télé-réalité et d’écologie, d’amour et de couple improbable.
Festival artistique de l’économie bleue
De fil en aiguille, la pièce fait son chemin et devient pour quelques temps, fin mars, l’ossature, la base d’un festival écologique, consacré à l’économie bleue, en droite ligne avec le fond de la pièce.
Dans notre deuxième question, Jérôme nous explique plus intensément son implication, la connotation politique que doit avoir, selon lui, une création artistique.
Il nous tisse les liens qui existent entre sa pièce et le festival artistique de l’économie bleue.
Infos pratiques théâtre et festival artistique de l’économie bleue
Pour assister au festival artistique de l’économie bleue : https://www.billetweb.fr/maries-sur-le-tarmac
Le site de Haupt Studio, la compagnie de Jérôme et de ses amis comédiens, sociétaires : https://www.haupstudio.com/ Le profil de l’auteur-acteur : Jerome Hauptmann
Le profil de la pièce : https://www.instagram.com/mariessurletarmac
Les lieux : The Village Brussels
Et Don Jamel
Jerome Hauptman ou Hauptmann est également l’acteur principal de la pièce Don Jamel, écrite par Saïd Ben Ali. Version un peu adaptée de Don Juan
Jérôme Hauptman sur Spotify
Pour écouter l’interview de Jérôme Hauptmann sur Spotify, c’est ici :
L’interview réinterprétée par écrit…
(J’ai donc légèrement modifié les paroles de Jérôme pour me rapprocher du sens et de la signification visuelle que l’on peut comprendre dans l’interview et qu’une simple retranscription ne peut donner).
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A.H.: Jérôme Hauptman, vous êtes comédien mais également auteur de pièces de théâtre. Racontez-nous comment vous êtes arrivés à jouer et à écrire pour la scène ?
J.P. : J’ai une carrière atypique. A la base, j’ai une formation en économie, et j’ai commancé dans la production de films. J’ai travaillé d’abord comme responsable financier et consultant pendant 3 ans. Après comme responsable financier et de production toujours dans le cinéma, durant 3 ans 1/2. J’ai une donc carrière “classique” de 6 ans 1/2
Ma carrière de comédien a, alors, commencé. J’ai démarré par le stand-up pendant deux ans. J’ai également tourné dans des courts-métrages. Assez vite, je me suis mis à écrire la pièce « Mariés sur le tarmac ». Nous l’avons jouée avec ma troupe “Haupt Studio”. Parallèlement à ce projet, j’ai également eu la chance de jouer dans la pièce “Don Jamel de Bruxelles » qui connaît elle aussi un certain succès. Je mène donc les deux projets de concert en ce moment.
Par ailleurs, je vais produire dans quelques temps un autre spectacle, cette fois sur la thématique de l’immigration.
Vous me demandez comment devient-on comédien?
Je pense simplement qu’il faut un minimum aimer cela. Être passionné. Il faut aussi avoir envie de porter un message sur scène, d’avoir, en quelque sorte, des histoires à raconter, parler d’un sujet et tenter de le faire de la meilleure façon possible… être investi et convaincu.
Je crois que c’est pour cela que je suis acteur. J’estime que nous avons une espèce de mission poétique de transmettre une ou des histoires.
Et… Comment on en vient à écrire sa propre pièce?
Quand on rate beaucoup de castings (rires) on a envie d’écrire sa propre pièce…
Plus sérieusement, quand on a une histoire dans les tripes, un peu comme je vous le disais plus haut, et que l’on a envie de la raconter, alors on contacte un metteur en scène, une metteuse en scène… si la sauce prend parfois une pièce peut naître.
C’est un peu une succession de rencontres et d’une histoire intéressante, crédible à raconter sur scène.
A.H.: Jérôme, votre pièce « Mariés sur le tarmac » est porteuse de sens. Elle nous parle des préoccupations sociétales actuelles. Elle sera à ce titre le point de départ d’un festival consacré à l’économie bleue. Quels liens pouvons-nous tisser entre votre pièce et cet événement ?
Avant tout, je voudrais dire que pour moi, c’est important d’avoir également un minimum de mission politique et donc d’agir sur les problèmes de la société, même si c’est à notre (petite) échelle.
Le modèle de « Mariés sur le tarmac » considère que chaque déchet pourrait être valorisé et donc transformé en produit. Je trouve que c’est un modèle intéressant parce qu’il incarne une certaine vision, des solutions pour le futur. Une sorte de modèle “théâtral” orienté 100% solution. Cette vision des chose, du théâtre, du spectacle m’intéresse baucoup.
Cela constitue une occasion unique de faire passer des messages ou des modèles de société différents du modèle actuel. Ce modèle dans lequel nous vivons s’essoufle, il est en train de prouver ses limites. Nous sommes nombreux à chercher, à communiquer sur des solutions potentielles, encore une fois, à notre façon.
Dans « Mariés sur le tarmac », je mets en relation deux visions de la société, deux visions très différentes.
D’une part le consumérisme, viscéral quasi inné, incarné par Marie, la dulcinée. D’autre part l’écologie, une forme d’optimisme vert, presque béa, incarné par l’autre personnage, Frédéric. Ces deux visions, ces deux destins si éloignés vont finir par se rencontrer dans la pièce autour de l’amour, autour du « Love ». Il consitutera finalement un troisième thème (amené par une critique extrêmement bien sentie de la télé-réalité – ndlr)
L’objectif de cette pièce, c’était vraiment de proposer un conflit de valeur, mais sans jugement. Je ne voulais pas dire ou imposer au public de penser de telle ou telle manière. De prendre position pour le confort et le modèle de la société de consommation ou l’espérance et peut-être l’idéalisme parfois incontrôlé du modèle de l’écologie. Quelque part, nous avons laissé libre choix, aux deux, sans être moralisateur.
Toutefois, nous avons essayé de faire passer un message. Car, c’est bien, le message de l’écologie à la fin qui prend un peu le dessus.
Nous proposons d’ouvrir les solutions vers le futur.
Je trouve cela très important.
Alors, pour enfin répondre à votre question (sourire), la relation entre « Mariés sur le tarmac » et le festival de l’économie bleue, c’est la volonté de casser les codes.
Par le biais de ce festival, nous désirons proposer plus que tu théâtre, plus que venir réfléchir et rire dans une salle…il y aura également du yoga, des performances, des discussions, des débats, du sport… Une vraie interdisciplinarité autour de la thématique centrale qui sera le plastique, enfin, le bioplastique et l’océan… toute en mettant en relation ces différentes disciplines…
En l’occurrence, nous allons avoir un danseur qui va proposer un voyage chorégraphique en apnée sous la mer. Il va se prendre pour une bouteille en plastique qui se noie dans l’océan, ce sera le jour 1.
Le jour 2 nous aurons le projet « The Village », un projet holistique qui organise des événements nomades de relaxation à Bruxelles. Ici ce sera un Yoga Nidra géant sur de la musique de lyre de cristal. Dans notre troupe, nous faisons beaucoup de yoga et de médiation avant de monter sur scène. Cela semblait naturel d’incorporer une telle pratique dans ce festival.
Et enfin le jour 3 sera consacré au concret, au contenu sur le plastique et le bioplastique : déconstruire les croyances et les idées reçues, préconçues que l’on a sur ces différents sujets. En débattant, nous amènerons probablement un peu de désillusion. En effet, la pièce apporte beaucoup de rêves, d’illusions, mais c’est un prisme trompeur, c’est un biais de communication et d’écriture pour sensibiliser. Le héros est un personnage en quête de sens, optimiste.
L’objectif de ce festival est d’équilibrer, de balancer un peu ce que cette pièce n’apporte pas. d’articuler tout cela autour d’une cohérence globale, un événement global qui s’appellerait… le festival artistique de l’économie bleue.
A.H.: Jérôme Hauptman, un tout grand merci d’avoir répondu à ces deux questions.