Podcast Pêche.
Pêcher, une passion.

Épisode 01. Sans préjugés, avant de pêcher.

Les forêts gérées par l’homme dans lesquelles parfois vous vous baladez entre les chemins… Nous ne les plantons pas pour nous !

Tu ne plantes jamais pour toi. Tu dois planter avec l’amour de celui qui va le couper dans 80 ans…


« À la pêche… « 
Une série de podcast sur la pêche, en 4 épisodes.

Renaud et Audry se sont croisés par le plus grand des hasards sur le parking d’un célèbre vendeur de modélisme belge (Racing MCM – MCM Skyshop à Beersel).

Renaud venait chercher des pièces pour son bateau, celui qui lui sert à larguer des amorces pour les poissons.

Audry venait avec sa vieille voiture téléguidée de plus 30 ans dans l’espoir de la faire fonctionner à nouveau.

Le Covid les force à attendre à l’extérieur le temps que le magasin soit libèré par le client précédent.

Renaud et Audry commencent à parler. Le premier est un pêcheur chevronné, le second termine sa première série de podcast pour la RTBF… et cherche de nouveau sujet. Le bateau l’intrigue et l’idée d’un sujet sur la pêche ne tarde pas à faire surface.

Quelques mois plus tard, après une série d’échanges et de discussions pour apprendre à mieux se connaître, Audry participe avec Renaud à une demi-journée de pêche pour clore l’écriture et la réalisation de ce podcast.

En haut de la photo, apparaît Youki qui est un ami de Renaud. Il accompagnait Renaud toute la semaine sur l’étang « Dino Pool » de CarpInsula. Leur camp se trouvait à quelque mètre du bord de l’eau. C’est là que nous avons enregistré, entre les prises…

Comme un générique, un chapeau, un contexte
Voici les quelques lignes qui introduisent chaque épisode.


 » Il est expert forestier, mais ce qu’il aime par-dessus tout c’est titiller la carpe. Avec son ami Youki, Renaud s’est installé pour une semaine au bord d’un étang rempli d’esturgeons. C’était l’occasion pour moi de le rencontrer et d’en apprendre plus sur lui et sa passion.

Soyez les bienvenus sur les pages du podcast
A la pêche, Renaud entre forêts et plans d’eau‘.

Une série de reportages sonores et d’articles écrits par Audry Hantson, disponibles sur les plateformes de podcast (Spotify) et sur le site littletower.be, littletower.fr. ”

Renaud, sa formation,
son attrait pour la nature

Sylviculteur, bucheron, expert forestier, le canal, les étangs de pêche, le Musée d’Histoire Naturelle de Belgique et son grand-père. Autant de mots-clés qui jalonnent son parcours.

Les forêts gérées par l’homme dans lesquelles parfois vous vous baladez entre les chemins… Nous ne les plantons pas pour nous !

Tu ne plantes jamais pour toi. Tu dois planter avec l’amour de celui qui va le couper dans 80 ans. Pour le le sylviculteur, le bucheron qui pourra dire :


« Maintenant j’ai l’expérience d’abattre des arbres comme celui-là..« 

Mais pour ça avant de les abattre, il faut savoir les planter…

(la suite ci-dessous)

Tu vas me dire, va couper un chêne de 300 ans. Enfin… En général on les coupe avant. Je ne parle pas du genre de chênes que vous voyez dans les parcs, pas ceux qui sont majestueux et pour lesquels il faut être plusieurs pour en faire la circonférence.

Ce sont des arbres qui ont été plantés pour ça, mais il faut savoir une deuxième chose : en Belgique, nous sommes un des rares pays dans lequel la surface forestière augmente tout le temps, plus ou moins, petit à petit.

En effet, en Belgique, la loi prévoit que toute parcelle forestière ne peut pas devenir ou redevenir un champ ou une parcelle à bâtir. Premier point.

Deuxième point : quand on met à blanc une parcelle, c’est à dire quand on coupe, quand on retire tous les arbres qui se trouvaient sur celle-ci, on doit replanter après. Mais, encore une fois, ce sont des forêts gérées par l’homme. Dès lors couper un arbre en forêt, on dit bien en forêt, pas en ville, pas dans un parc, ce n’est pas un crève-cœur pour moi. Dans un parc ou dans une zone naturelle non gérée par l’homme ce serait difficile pour moi.

Dans les forêts et pour les voiries, c’est un travail, pour lequel si tu prends l’expérience de savoir faire des grands arbres comme ça, ces arbres auront la chance de ne pas devenir du pellet ou des bûches… mais des belles tables ou des meubles qui, eux, partent à l’artisanat. Là, on est dans l’amour du forestier qui, il y a cent ou deux cents ans a planté pour la génération d’après…

Bonjour, je m’appelle Renaud. Je suis grimpeur élagueur depuis 10 ans et ma passion c’est la pêche. J’ai découvert la pêche 2018.

Je suis expert forestier, grimpeur élagueur et sylviculteur en Belgique, pour une ville en Wallonie. En général une journée, pour moi, c’est principalement régler les problèmes entre les habitants et les arbres. Je suis un peu le médecin de l’arbre. C’est ça mon taf’, essayer de trouver des compromis, entre les deux. Savoir dire ‘Cet arbre il est cuit’. Pour celui-là on va faire ça, pour celui-là on va faire ça… le reste c’est sylviculture, soin aux arbres, plantation et taille des arbres, arbres en formation.

Sinon, le soir, c’est “cession carnassier”. Ca c’est souvent. Je termine à 16h, le temps de rentrer, je pars au canal pas loin de chez moi. Là, il y a de quoi s’occuper, il y a de quoi faire. Puis je vais me coucher. Ou alors je me mets sur le PC et je joue un peu. Je n’ai pas toujours l’énergie après avoir démonté ou fait des arbres de faire quelque chose d’autre après. Certaines fois j’ai pas envie. je veux jsute me poser et ne plus bouger.

…..

Alors mon grand-père c’est la référence de la famille. C’est une encyclopédie. Il ne connaît pas tout, il connaît tout à l’ancienne, on en sait bien plus aujourd’hui… mais sa maison c’était une encyclopédie… C’est lui qui m’a axé sur les insectes, les écosystèmes, les poissons… Il m’a mis à l’aquariophilie, j’avais 8 ans…  j’en ai 28. Cela fait donc 20 années que je pratique l’aquariophilie.

Puis, à partir de mes 7 ou 8 ans également, mes parents me mettaient chaque été en stage. J’allais au musée d’histoire naturelle, à Ixelles. En prime du stage on avait accès aux archives, aux réserves, en étant accompagnés par des guides, des animateurs. On apprenait les écosystèmes, encore, oui ma vie tourne autour des écosystèmes, j’adore ça. J’adore apprendre, même si l’école c’était pas ça. Chaque fois le stage était différent. Ce que tu préfères quand tu es gosse, forcément, c’est le stage sur les dinosaures. Un des moments que je n’ai jamais oublié c’est quand on t’amène dans les caves, là où personne ne va jamais. On te montre ce qui n’est pas exposé, ce qui est encore dans les plâtres et on te dit : ça on a jamais eu le reste, tout ce qu’on a c’est la tête. Toi tu es devant une véritable tête de tricératops, pas une copie, pas une tête contrefaite…c’est génial, c’est unique, c’est impressionnant. Jamais je n’oublierai cela. Il y avait les stages “nature”, écosystèmes (encore, je vous dis, lol), etc. etc.

Puis j’ai grandi. J’avoue que j’ai passé la moitié de ma vie à me faire chier en classe… c’était dur. Je n’ai pas d’autres mots. Ce qui est marrant, je m’en souviendrai toujours,  c’est qu’il y avait 4 chênes dans la cour de récréation à l’athénée des Pagodes à Laeken, là où j’étais… et les profs faisaient tous la même remarque à mes parents.

C’était… “il regarde les feuilles votre fils…”. En effet je regardais les feu-feuilles sur les arbres se balader avec le vent, je trouvais cela plus intéressant… que (à l’école)…mais bon…

J’ai fini à Gembloux, en bûcheronnage. Malheureusement le prof n’est plus là. D’ailleurs, hommage à lui, son nom sera cité dans le podcast : Monsieur Petit. Lui c’était un bûcheron extraordinaire… il m’a fait rire. C’est un fameux spécimen mais ce mec, il a des mains en or. La façon de faire apprendre qu’il a… C’est dur. Ce n’est pas un problème d’irrespect. Ou tu as du caractère pour le métier ou ça n’en vaut pas la peine. Souvent dans ces études-là, ça y va en début d’année… ça rigole pas. Si tu pensais que tu allais te la couler douce et faire une balade en forêt… c’est cuit… Ça reste quand même un métier très sportif.

L’autre prof, car il y en avait deux, c’est une ancien éducateur de maison de jeune en partie ou animateur… Il a dit : ‘De toute façon pour ceux qui n’ont pas de boulot, rien, en forêt il y aura toujours besoin de travail. Mais il faut pouvoir mordre dedans et être bon, sinon c’est cuit’.

En fait, ça a continué… Cela a créé une continuation avec tout ce que j’avais déjà avec la nature… à cette époque-là, je ne pêchais pas. Enfin, si, en vacances, comme quand on est gosse, le long des ports… rien de spécial. Cela (ma formation) a prolongé ma passion pour la nature…

Il avait quand même un sale caractère, mais cela nous a rendus tous un peu plus mordants. Il nous a dit : “Vous ne vous rendez pas compte, on vous dit d’être indépendant mais vous allez peut-être être autre chose : finir dans un bureau pour quelques années ou faire de la jardinerie car il n’y aura pas de place dans votre secteur…” et il nous a dit aussi : “Les gars, profitez de votre métier, essayez d’avoir ce diplôme, si vous avez ça dans l’âme, sylviculteur, bûcheron, on est proche de l’artisanat. Vous faites partie de la première chaîne de l’artisanat. Le bois, il n’y en a pas si vous ne vous en occupez pas…  si vous n’êtes pas bon, cela ne sert à rien…” Donc tout cela s’inscrit dans une continuité, avec de belles matières qui ne sont pas industrialisées… alors oui il existe aussi un faux artisanat fait à la chaîne… mais il y a surtout les petits, là, qu’on ne voit pas… qui vivent un peu dans des petits domaines, comme ici… qui ont l’air d’être normaux, courants mais cela crée des micro réserves en elles-mêmes… des micro écosystèmes. Le prof disait : “Si vous avez du respect pour tout ça et que vous voulez taffer… vous trouverez votre voie”. C’ était pas mal pour ça. A part ça, il n’était pas gentil gentil mais il était pas mal pour ça…

Après j’ai continué avec une septième année secondaire, formation de grimpeur élagueur. Hop, on grimpe, on apprend… à ses risques et périls. Quand tu finis, lors de tes études, à 15 mètres de haut à cheval sur une branche et que tu te rends compte que les deux longes que tu avais sont détachées et que tu as le cul dans le vide… Tu te rends compte qu’il y a des outils que tu n’utiliseras plus jamais, pourtant ton prof te l’avait conseillé et il t’avait dit que c’était bon…

Certaines fois, en fait, le meilleur prof, c’est le maître de stage… qui, en ce qui me concerne,  est quelqu’un qui est dans la région dans laquelle je travaille actuellement, mais je ne le vois plus depuis des années. Il m’a appris beaucoup de choses, c’était un gradué en sylviculture, lui. Un niveau au-dessus. Il voyait un arbre au loin, il regardait la forme, il savait dire de quelle espèce il s’agissait… et au pied de l’arbre huit fois sur dix c’était bon. C’est un grand passionné.

À l’époque j’avais beaucoup de problèmes familiaux, mais maintenant j’ai la paix, c’est le cas de le dire, j’ai la paix. Et ce gars-là, il m’a dit quelque chose… Un jour je lui ai demandé s’il croyait en un dieu ou autre… il m’a répondu… moi je ne crois pas à la nature en ce genre de truc… oui, la nature fait ce qu’elle fait, mais dans ce métier il faut croire en soi. Sinon cela ne va pas. Si tu ne crois pas en toi, cela ne va jamais aller. Si je peux te donner un conseil (et là moi j’étais dans les problèmes, cela n’allait pas…et j’ai fini par lui dire, j’ai mis un moment à lui dire mais à force de passer 8h avec un bûcheron qui lui est encore un niveau au-dessus…gradué.. qui te fais évoluer dans ce que tu ne sais pas, mais que tu vas savoir…) J’ai fini par lui dire et il m’a dit “crois en toi”. Le reste, peu importe, mais crois en toi… C’est pas devenu la direction de toute ma vie parce qu’il m’a dit ça, mais du coup… mais je repense à ce qu’il disait, à ce qu’on dit dans le métier… “C’est quoi un vieil élagueur ? Un bon vieil élagueur..? C’est quelqu’un qui apprend à devenir un bon vieil élagueur »… Tu ne lui apprends pas à être le plus rapide du monde, tu lui apprends à être vivant à la fin, au moment où il redescend… c’est ça qui est le plus important dans ce milieu naturel, tu vois.

Mais ça c’est autre chose, c’est la grimpe… ce sont des nœuds… Comme le sujet que l’on va traiter (la pêche) et en 2018, quand je me suis mis vraiment à travailler, j’ai commencé à pêcher…

On part à la pêche dans le prochain épisode…