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Pièce de théâtre.
Comédie noire délirante.
Samedi 21 janvier 2023
par Audry Hantson
De Philip Ridley
Mise en scène collective
Avec Jessica Delore, Magali Brouart et
Alexis Vandist
Du 13 au 29 janvier 2023
Représentations
du jeudi au lundi à 20h30
sauf le dimanche à 16h
Pour réserver,
Cliquez-ici
Cette fois encore, le Théâtre de la Flûte Enchantée réussit l’exploit de nous proposer une pièce originale qui fait réfléchir, dans une mise en scène à la fois dépouillée et inhabituelle.
Une pièce qui cadre parfaitement avec les lieux et la philopsohie de ce théâtre indépendant.
Radieuse Vermine c’est un conte, c’est une fable qui tient du Dino Buzzati ou de l’Oscar Wilde avec son “Portrait de Dorian Gray”.
Nous sommes accueillis par un couple et leur bébé. Fleur, la maman, Oliv’, le papa et leur petit Benji, bien emmailloté et bercé dans les bras de sa mère.
Le couple est là pour nous narrer les 18 mois qui viennent de s’écouler. Ils nous racontent l’immense joie qu’ils ont eu de devenir soudainement propriétaires de leur maison…
En effet, quelques mois auparavant, un courrier et la persuasive-bien-renseignée, Mad’moiselle Luce les informe qu’un programme de maisons de rêve les a retenus pour participer à une expérience sociale incroyable.
Enfin ! Ils vont pouvoir avoir leur propre chez eux et, par la même occasion, ils quitteront la cité des Lilas, une cité à la réputation triste.
Le couple n’y croyait pas vraiment, ils ont bien cherché mais rien : pas de canular, pas de caméra cachée. Ils hésitent, mais peu de temps et bien que la maison ait besoin de profondes rénovations, ils signent et emménagent le lendemain.
Les voilà enfin chez eux. Chez eux ? Peut-être pas tout à fait… Au loin on voit les feux allumés par les SDF qui vivent dans le quartier…
Nous avons énormément apprécié la manière de jouer de Jessica, Magali et Alexis. A la fois histoire racontée, histoire jouée, nous plongeons dans la vie du couple et de leur enfant.
On sent clairement la complicité entre les trois comédiens, celle-ci permet de verser parfois dans une forme d’impro’ maîtrisée, surtout quand le public est interpellé… parfois avec un humour noir que l’on saisit quelques instants après la réplique.. du style, non, il n’a pas dit cela…?
Le public est projeté dans le récit, tantôt sans filtre, tantôt avec détachement. Nous sommes parfois interpellés directement, parfois emmenés dans des réflexions qui nous questionnent plus personnellement. Le développement est extrêmement bien construit et tout aussi bien écrit.
Si la pièce aborde plusieurs sujets de société, nous retiendrons principalement la banalisation de la violence et l’addiction à la matérialité dans laquelle notre monde actuel nous projette.
Vous raconter par quel cheminement, par qule truchement (comme disait Madame Depauw ma prof de français 😉 ) les comédiens et l’histoire y arrivent serait trop vous en dire…
Retenons que le fantastique permet ici de mettre en évidence certains comportements égoïstes, de manière rapide.
( Nous placerons une photo d’Alexis dès que nous la recevrons )
La mise en scène est volontairement dépouillée. Elle se limite à quelques accessoires. Nous avons apprécié cette mise en situation simple. Elle nous permet de voyager aussi dans une forme d’imaginaire personnel.
Sans décor, nous arrivons pourtant à nous plonger sans peine dans un appartement décrépi, une voiture, une chambre, une cuisine flambant neuve ou encore un jardin “marocain”… Bien que chaque réplique soit écrite, certaines séquences bénéficient d’un “rendu” d’impro qui dynamise subitement les actions.
Les protagonistes prennent plusieurs formes, plusieurs apparences, ils changent de personnage plus vite que de chemise.
On assiste ainsi à une très grande performance où ce n’est pas moins d’une dizaine de personnages qui sont conviés, dans un passage, à un événement commun.
Passionnant, délirant, extrêmement drôle. La maîtrise des répliques mais surtout les interprétations de chaque personnages crée un feux d’artifice théâtral, avec une sorte de bouquet final avant la chute… qui vous fera passer de la fable au monde réel…
A voir pour s’amuser beaucoup, à voir pour réfléchir encore davantage !
Dino Buzzati Traverso est né en 1906. Il est mort 1972. Journaliste, peintre et écrivain italien dont l’œuvre la plus célèbre est le roman intitulé Le Désert des Tartares et le recueil de nouvelles fantastiques Le K.
De son métier de journaliste lui vient l’habitude de chercher des thèmes et des récits de la vie quotidienne et d’en faire ressortir l’aspect insolite, parfois fantastique.
Dans Le K, nous retiendrons la nouvelle Le Veston ensorcelé. Tout comme Radieuse Vermine, ce texte est un exemple de récit fantastique classique ; le lecteur assiste au surgissement d’événements surnaturels dans le contexte banal du quotidien…
N’hésitez pas à prolonger le plaisir de cette pièce par la lecture de cette nouvelle
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